"L'industrie pharmaceutique est aujourd'hui en pleine mutation. Elle traverse une "crise de l'innovation" caractérisée par la diminution drastique de la productivité de sa R&D et de la mise sur le marché de nouvelles molécules.
La diminution de la capacité d'innovation des big pharma menace leur performance économique à court et long termes, la crise ayant été aggravée par une évolution défavorable de facteurs externes (pression des payeurs, des autorités réglementaires et des génériques…). Cette situation a conduit l'industrie pharmaceutique à adapter sa stratégie et son organisation pour préserver ses revenus et sa capacité à générer et financer l'innovation, pilier de son business model en pleine mutation.
Même si l'industrie pharmaceutique traverse aujourd'hui une période tumultueuse, bousculant la dynamique de croissance et les rapports de force, notre vision tend à tempérer la morosité ambiante.
La science et la technologie continuent d'ouvrir des pistes extraordinaires pour l'innovation pharmaceutique.
En fait, quel est l'impact réel de cette crise sur la capacité d'innovation des laboratoires pharmaceutiques ?
Après un bref aperçu des principaux facteurs à l'origine des difficultés actuelles, nous allons voir quelles stratégies ont été déployées par les big pharma pour consolider leurs pipelines et s'adapter au nouvel environnement.
Et si la crise avait finalement eu des conséquences positives sur l'industrie du médicament et son potentiel de R&D en permettant une meilleure répartition des risques liés au financement de l'innovation entre les différents acteurs ?...
I- Les origines de la crise
A- Facteurs internes
1-PERTE DES BREVETS, ASSÈCHEMENT DES PIPELINES ET DIMINUTION DE LA PRODUCTIVITÉ R&D
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3-LES MÉGA-FUSIONS ONT EU UN EFFET RELATIVEMENT LIMITÉ EN TERMES DE SYNERGIES ET D'ÉCONOMIE D'ÉCHELLE, CONDUISANT PROBABLEMENT À UNE PERTE DE L'AGILITÉ NÉCESSAIRE À L'INNOVATION
B Facteurs externes
1-UNE PRESSION IMPORTANTE SUR LES PRIX DE LA PART DES PAYEURS
2-L'AVERSION CROISSANTE AU RISQUE DES AGENCES RÉGLEMENTAIRES
3-UN BUSINESS MODEL INADAPTÉ AUX NOUVEAU PAYSAGE ÉCONOMIQUE ET RÉGLEMENTAIRE
II- Les stratégies des Big Pharma face à la crise
A- Court-terme
1-PREMIÈRE VAGUE D'ACQUISITIONS DE SOCIÉTÉS BIOTECH ET DE PRODUITS LATE STAGE
2-MONTÉE EN PUISSANCE DE LA MÉDECINE DE SPÉCIALITÉ
3-NOUVELLES STRATÉGIES DES ESSAIS CLINIQUES
4-DIVERSIFICATION DES ACTIVITÉS
B- Moyen et long terme
1-MONTÉE EN PUISSANCE ET STRUCTURATION DES DEALS EARLY STAGE
2-CHANGEMENT D'ORIENTATION STRATÉGIQUE DES DEALS
3-INNOVATION DANS LA STRUCTURE DES DEALS
4-RÉDUCTION DES RISQUES À TRAVERS LES PARTENARIATS ENTRE BIG PHARMA
III- Un nouveau modèle de R&D externalisé
1-PASSAGE D'UN MODÈLE R&D VERTICAL INTÉGRÉ VERS UN MODÈLE TRANSVERSAL ET EXTERNALISÉ
2-INTÉGRATION ET DÉVELOPPEMENT DES NOUVELLES TECHNOLOGIES
...In fine, les laboratoires pharmaceutiques ont déployé très rapidement de nouvelles
stratégies pour restaurer leurs pipelines et répondre aux nouvelles exigences des
marchés et des payeurs. La généralisation et la structuration des deals early stage
biotechs-pharma représente une évolution majeure à l'origine d'un nouveau modèle
de R&D externalisé, basé sur les partenariats. Ce modèle, à travers une
redistribution des risques liés au financement de la R&D entre les différents
partenaires, a le pouvoir de restaurer la pleine capacité d'innovation de l'industrie
pharmaceutique. L'intégration des nouvelles technologies dans le fonctionnement de
la R&D actuelle, doublée d'une organisation adaptée, devrait achever la mutation du
process de découverte de nouveaux médicaments."