Ce sont pour l’essentiel des PME spécialisées dans les biotechnologies dédiées à la santé. On les appelle les « biotechs » et elles sont en train de révolutionner l’industrie pharmaceutique. Cette dernière, qui s’est constituée autour de grands groupes, se cherche un nouveau modèle de développement économique.
En parlant des huit pôles de compétitivité qui, en France, sont dédiés à ce secteur (Alsace Biovalley, Atlapôle Biothérapie, Cancer Biosanté, Lyon Biopôle, Eurobiomed, Medicen Paris Région, Nutrition santé longévité, Prod’innov), Daniel Vasmant, chef du bureau des industries de santé, des biotechnologies et de l'agroalimentaire à la DGCIS, disait en février 2010 qu’ils favorisent « le transfert entre les découvertes fondamentales et leurs applications aux patients, illustrant ainsi le continuum de la recherche, du laboratoire au lit du malade ». Or, ce sont précisément ces PME qui aujourd’hui assurent une part grandissante de ce continuum.
Une industrie qui marque le pas face aux nouveaux défis
Les biotechs sont portées par l’émergence de nouveaux besoins thérapeutiques. Le marché pharmaceutique mondial reste en croissance, mais l’industrie traditionnelle semble marquer le pas face aux nouveaux défis que constituent le vieillissement de la population, la persistance de pathologies chroniques comme le cancer ou les maladies cardiovasculaires, le développement des maladies infectieuses et en particulier les infections d’origine virale comme le Sida ou l’hépatite.
En termes de traitements, les biotechnologies ont créé des perspectives qui n’ont pour équivalent que celles ouvertes par l’utilisation de la pénicilline et la création des premiers antibiotiques au XIXe siècle.
De nouveaux outils et modèles de recherche
L’utilisation d’anticorps monoclonaux, de protéines, de cellules, de gènes d’origine humaine conduit à des innovations de rupture, notamment grâce à la création de bio-médicaments. Mais, parmi les entreprises biotechs, certaines sont davantage tournées vers les technologies médicales. Elles travaillent notamment sur la création de nouveaux outils de recherche, de plates-formes, afin de produire des modèles permettant de sauter des étapes lors du développement des candidats médicament. Des outils qui conduiront, par exemple, à anticiper l’évaluation des effets secondaires d’un médicament sur l’être humain. « Avec un bon outil de recherche en amont, on pourrait voir rapidement si un médicament sera efficace ou pas », commente Virginie Fontaine-Lenoir, expert sectoriel du secteur santé d’OSEO.
Une R&D longue et coûteuse
L’avantage, bien sûr, ce sont les pertes de temps et les dépenses inutiles que l’on pourrait éviter. Dix à quinze ans, c’est le temps de R&D nécessaire à la mise sur le marché d’un médicament. C’est long et c’est extrêmement coûteux. Les biotechs traversent cette période sans réaliser de chiffre d’affaires et les besoins de financements sont énormes.
Fonds d’investissements, capitaux-risqueurs, introduction sur le marché, sont des passages obligés pour qui veut mener à bien son projet de développement. Et encore, lorsqu’elles parviennent à la phase 2 des essais cliniques qui consiste à tester l'efficacité du médicament sur des patients, les enjeux industriels et financiers sont tels que ce sont les big-pharmas qui reprennent la main.
Un environnement facilitateur pour la filière
Dans ce contexte, OSEO joue son rôle d’accompagnateur des entreprises innovantes. Les biotechs de la santé représentent 10% des aides à l’innovation accordées sous forme de subvention ou d’avances remboursables, soit plus de 40 M€ pour 277 projets en 2009. Les projets ISI financés représentent quant à eux près de 50 M€.
Avec le renouvellement du plan anti-cancer, le lancement du plan Alzheimer, la création de l’Alliance nationale des sciences de la vie, la stratégie des pôles de compétitivité, les fléchages des appels à projets de l’ANR, l’environnement institutionnel de la filière apporte des réponses aux enjeux du secteur.
De plus, les moyens alloués aux politiques publiques en faveur des biotechs devraient être renforcés dans un proche avenir. Les investissements prioritaires définis dans le cadre de l’emprunt national, qu’il s’agisse des 2 Md€ destinés aux PME et ETI innovantes, ou des 2 Md€ alloués aux sciences du vivant, devraient pour une part de ces montants alimenter l’effort de R&D de la filière. Une filière porteuse d’un fort potentiel de développement et de compétitivité.